La doucette

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Illustration de Carl Axel Magnus Lindman, entre 1917 et 1926

Par Thierry Dalbavie
Extrait du Solide Almanach Nourricier 2023 de l’Étonnant Festin


Ah bon, vous dites doucette ? Nous on dit mâche ! On est d’accord, il s’agit de la même plante, la même espèce, mais qui porte 2 noms, la nomenclature de pays a ses mystères !

C’est comme ça avec le nom des plantes, il varie selon la personne qui les nomme, leur place dans les terroirs.

Il se murmure dans les campagnes que la doucette, ce serait la sauvage, celle qui montre ses rosettes très tôt au printemps dans la nature, sur les talus et les vieux murs. Qui la connaît ? Qui la cueille encore ? Évidemment si tu passes ton printemps derrière un écran, tu ne la verras pas c’est sûr ! Et c’est trop dommage de s’en priver.

« C’est un cadeau de douceur pour le palais, une plante fraîche, digeste et émolliente »

La rosette (les premières feuilles étalées en cercle) est fugace, ensuite la plante « monte », fait des petites fleurs discrètes … et passe encore plus inaperçue.

La doucette est la première salade sauvage, elle pointe son nez dès la mi-mars, forme des petites colonies, une aubaine pour le cueilleur. C’est un cadeau de douceur pour le palais, une plante fraîche, digeste et émolliente (elle contient un mucilage qui gonfle avec l’eau et amollit les tissus ). Mais la doucette ne dure pas et elle est discrète on vous dit, c’est facile de la rater ; l’an prochain c’est sûr tu seras là pour elle …

Et la mâche serait celle des maraîchers, avec ses variétés coquille de Louviers, à grosses graines, verte de Cambrai… Au jardin, on la sème en fin d’été, et hop, on a des salades tout l’hiver.

« des fleurs minuscules à 5 pétales bleus-pâle quasi transparents, soudés en tube, une merveille de délicatesse sous la loupe ou à genoux »

Mâche ou doucette, la douce-princesse-des-jours-qui-rallongent est Valerianella locusta dans les livres de botanique. Elle fait d’abord une rosette de feuilles, puis elle développe une tige fine qui de divise en deux, chacune se redivisant en deux, et encore en deux, et au bout,  des fleurs minuscules à 5 pétales bleus-pâle quasi transparents, soudés en tube, une merveille de délicatesse sous la loupe ou à genoux.

La doucette sauvage aime les sols lessivés, sableux ou caillouteux, drainants, comme le mortier des joints des vieux murs, les pieds de talus, etc.

Un peu de doucette dans ce monde de brutes !